
Famille voyageuse depuis 10 ans : rencontre avec Sophie et Alex
L'histoire inspirante d'une famille voyageuse depuis 10 ans
“Et si on vivait en découvrant le monde ?” C’est le choix audacieux qu’on fait Sophie et Alex, qui sillonnent notre belle planète depuis des années avec leurs trois enfants : Nahel, Lilia et Nino. Dans ce 1er article de la série témoignage, ils nous racontent leur quotidien de famille voyageuse et nomade, l’instruction en famille et partagent leurs anecdotes. Plongez dans leur histoire et laissez-vous inspirer par leur mode de vie hors du commun !
Sophie, peux-tu nous présenter ta famille voyageuse ?
Nous sommes Sophie et Alex. Nous voyageons depuis plus de 10 ans, d’abord tous les 2, puis avec nos 3 enfants qui ont aujourd’hui 8 ans ½ pour Nahel et 7 ans pour les jumeaux Lilia et Nino.
Nous avons fait d’assez longues études, rien ne nous destinait au départ à vivre au gré de nos voyages. Alex a fait des masters dans l’environnement et je suis podologue de formation initiale. Nous devions nous marier, puis débuter un CDI pour Alex et reprendre un cabinet de podologie pour moi. Pour se retrouver un peu avant toutes ces futures étapes, nous sommes partis en voyage, et on s’est dit que c’est ça qu’on voulait faire dans notre vie : voyager et profiter ! On est rentré, on s’est marié, mais on a dit non au reste et on est parti s’installer à Mayotte. Depuis, nous voyageons au gré de nos envies. Nous avons vécu à Mayotte, à la Réunion, au Mexique et au Canada et visité l’Afrique du Sud, les États-Unis, la Thaïlande, Madagascar, la Nouvelle-Zélande (…).
Comment vous déplacez-vous et comment vivez-vous?
Nous n’avons pas de véhicule aménagé, nous avons une voiture depuis peu, avec laquelle nous explorons l’Europe (cette année la Bulgarie et la Turquie). Sinon la plupart du temps, nous nous déplaçons en avion et en transports locaux une fois sur place.
En Afrique du Sud nous avions loué un 4×4 avec tente de toit, nous avons adoré cette expérience que nous espérons renouveler !
Nous vivons donc surtout dans des appartements que nous louons via des plateformes telles Airbnb ou Booking. Lorsque nous restons sur une longue période, nous louons localement. Nous avons été propriétaires d’une maison au Canada, mais la sédentarité n’était pas notre objectif, nous l’avons revendue et repris la route.
Et pour le travail ?
Aujourd’hui nous travaillons dans des domaines bien différents de ceux que nous avons étudié. Pour pouvoir vivre tout en voyageant, nous devions trouver des jobs adaptés : gérer nos horaires et ne pas avoir de contrainte géographique. Nous nous sommes formés et avons saisi des opportunités pour pouvoir intégrer le domaine du marketing digital. Aujourd’hui nous sommes free-lances, nous travaillons beaucoup d’heures dans la semaine et devons souvent travailler à des horaires compliqués puisque nos clients sont sur le marché français, mais on se sent libre !
Comment les enfants vivent-ils ce mode de vie ?
Les enfants sont vraiment heureux d’avoir l’occasion de passer du temps avec nous, de pouvoir vivre des expériences incroyables et de ne pas avoir trop de contraintes ! Ils râlent parfois un peu quand nous devons travailler, mais ils s’entendent bien tous les 3 et s’occupent ensemble durant ces moments.
Ils sont vraiment complices, être ensemble leur permet de créer des liens forts. Ils dorment souvent tous les 3 même s’ ils ont chacun leur lit !
Anecdote de famille voyageuse
Lorsque les enfants étaient plus jeunes, nous organisions des appels en visio entre ma maman et les enfants.
Elles leurs lisaient des histoires, où elle disposait mes anciens jouets sur la table devant l’écran et les enfants lui indiquaient quels jouets prendre pour les mettre en “action” et inventer une histoire.
C’était vraiment super pour maintenir le lien avec les grands-parents malgré la distance et nous permettre d’avoir un peu de temps sans les enfants à gérer !
Quel mode d’instruction avez-vous choisi ?
Quand Nahel est né nous n’avions vraiment pas réfléchi à l’instruction que nous souhaitions. Nous avons fait des études et on a aimé l’école, on n’avait pas de problème avec l’idée de les scolariser.
Nous les avons d’ailleurs inscrits à La Réunion, en petite et moyenne section. Après quelques jours, on s’est rendu compte qu’ils n’étaient vraiment pas heureux et nous non plus, on a opté pour l’instruction en famille. On a alors eu un contrôle de la DSDEN qui s’est très bien passé et nous a donné la validation pour continuer en I.E.F.
Au Canada, où nous avons vécu ensuite, il n’y a pas d’école avant 6 ans, ça nous a beaucoup aidé à rester en instruction en famille !
Nous avons passé 6 mois en France en 2024, on a inscrit les enfants dans une école privée. Ils ont été scolarisés 2 mois ½ en CE1 pour Lilia et Nino et CE2 pour Nahel. C’était une belle expérience, mais les enfants et nous avons décidé de retourner sur les routes et en I.E.F. Nous sommes ainsi libres de notre organisation, du rythme des apprentissages et des programmes étudiés. Pour l’instant c’est ce qui nous convient le mieux à tous.
Comment se passe l’instruction au quotidien ?
Au début de l’instruction en famille avec les enfants, je me mettais pas mal la pression. J’essayais de préparer et de leur faire faire des activités, mais honnêtement ce n’est vraiment pas mon truc. Au fur et à mesure je me suis aperçue que les enfants apprenaient très bien eux-mêmes. Cela m’a permis de me détacher de ce modèle, j’ai arrêté de culpabiliser et j’ai fonctionné autrement.
La lecture
Depuis qu’ils sont petits, nous lisons énormément d’histoires ensemble, afin qu’ils intègrent les livres dans leur vie quotidienne. Je leur lis des histoires, parfois, ce sont eux qui créent l’histoire en fonction des images ou ils regardent simplement les livres eux-mêmes. Nous essayons de toujours en avoir à disposition, même si cela prend de la place dans les bagages !
Je n’ai jamais fait de grammaire ou autre avant que la lecture ne soit réellement acquise, pour leur laisser le temps d’intégrer les apprentissages. Nous commençons à en faire un peu maintenant (ils seraient en Ce1 et Ce2).
Des livres ou manuels à conseiller ?
Mon répertoire des régularités orthographiques
Écrit par une orthophoniste, il propose beaucoup de conseils et d’idées pour appréhender l’apprentissage du français, je l’apprécie vraiment. Il permet d’accompagner les enfants au quotidien avec une autre approche et un autre regard.
Permis de lire
Ce manuel nous a été conseillé par les enseignants durant la période de scolarisation de 2 mois en France. J’aime vraiment beaucoup ce livre, il est très bien fait et les enfants apprécient de travailler dessus.
La collection Tout simplement
Nous avons commencé avec le manuel pour la lecture, il est plutôt bien fait. On vient de rajouter orthographe et grammaire. On travaille sur ces domaines tranquillement.
On lit beaucoup d’histoires ensemble ou les enfants en autonomie. Pour les petits albums, on a un faible pour Migali et Sami et Julie.
Migali
C'est sous la forme d'une bande dessinée, parfait pour débuter sans qu'il y ait trop à lire.
Sami et Julie DYS
Dans la collection Sami et Julie, il y des albums spécifiquement pensés pour les enfants dyslexiques. Les sons sont en couleur pour permettre une meilleure reconnaissance et une lecture facilitée. Top pour tous les enfants, dys ou non.
Sami et Julie
Des histoires pour débuter la lecture, et un niveau qui augmente au fur et à mesure.
Astuce de famille nombreuse
Pour éviter d’acheter les manuels en 3 exemplaires (c’est lourd les livres !), les enfants travaillent dessus avec un code couleur pour chacun.
On peut aussi utiliser une pochette transparente et un feutre Veleda : on la pose sur la page pour travailler, on peut ainsi avoir un seul exemplaire de chaque manuel.
L'écriture
Nous avons commencé en achetant des cahiers de vacances. Les enfants font ce qui leur plaît, pour se familiariser avec l’écriture. Lilia aime beaucoup remplir ses cahiers, Nahel beaucoup moins. Ils ont débuté par l’écriture en script, nous étions au Canada et il n’y a pas d’écriture cursive. Ils ont eu plus de mal à s’y mettre (mais elle a l’avantage de permettre de différencier les lettres plus facilement).
Aujourd’hui, ils ne sont pas très motivés pour écrire, sauf Nino qui est très appliqué. On a tenté de faire des carnets de voyage, mais ils n’accrochent pas. Du coup pour leur donner envie, on travaille sur ordinateur avec le site Canva. Chacun des enfants écrit son propre livre en ce moment. Ils doivent donc écrire le texte de leur histoire. Ils utilisent aussi l’intelligence artificielle du site pour générer des images pour illustrer leur livre : ils écrivent à l’IA ce qu’ils souhaitent comme image et voient leur histoire s’animer. Ça donne des situations rigolotes : Lilia a de cette façon été surprise par l’image générée et appris que si elle voulait le couple roi et reine, cela s’écrit reine et non renne…
La bonne idée
Utilser Canva et l'intelligence artificielle pour motiver les enfants et comprendre l'importance de l'orthographe !
Le calcul
En fait, nous ne faisons pas de calcul à proprement parler. Les enfants l’apprennent dans la vie quotidienne. Nous sommes tout le temps dehors, ils ont appris à compter comme ça, dans la nature, en comptant les arbres par exemple. On parle de proportions quand on cuisine. Je me suis aperçue récemment qu’ils savaient faire des additions posées !
Pour le moment c’est bien comme ça, nous en ferons sans doute plus lorsqu’ils grandiront. On verra le moment venu.
Et le reste ?
Nous faisons beaucoup de jeux de société ensemble. Ça les oblige à lire, à comprendre des consignes et à compter, tout en jouant.
Ils regardent assez peu la télévision, on essaie de leur mettre en anglais. Quand ils étaient petits, ils regardaient le dessin animé « Caillou », c’est vraiment très bien pour se familiariser avec l’anglais.
Sinon, nous ne faisons rien de formel. Ils apprennent grâce aux expériences que nous vivons et que nous approfondissons s’ils le souhaitent. Ils ont par exemple appris le fonctionnement des volcans à La Réunion, où nous avons eu la chance de voir une coulée de lave.
Utilises-tu des outils numériques ?
Oui, en plus de Canva pour l’écriture, nous utilisons l’application ANTON. Elle est destinée aux enfants jusque vers 12 ans, elle est vraiment très bien faite et elle est gratuite (il existe une version payante à 20€ par an pour pouvoir l’utiliser hors ligne).
Elle fonctionne sur tous supports numériques. Il y a énormément d’exercices dans différentes matières (français, maths, histoire, sciences, langues). C’est toujours encourageant et positif. Quand les enfants réussissent, il gagne des étoiles qu’ils peuvent ensuite échanger contre des pièces pour accéder à de petits jeux.
En tant que parent, on peut suivre l’évolution de chaque enfant et leur proposer des exercices que l’on aimerait qu’ils fassent. C’est vraiment un chouette outil.
Ressens-tu des difficultés vis -à -vis de l’instruction ?
Non pas vraiment, car on ne se met pas de pression ni spécialement d’objectifs. Je sais qu’ils n’ont sans doute pas le même “niveau” que les enfants scolarisés en France, mais ça ne nous pose pas de problème. Ils savent énormément d’autres choses et ils apprennent à leur rythme en étant heureux.
J’ai la sensation, que pour moi, l’IEF est plus facile en voyageant. Nous sommes sans arrêt dans la découverte, les rencontres. Les enfants sont constamment stimulés. Cela me semblait moins évident quand nous sommes restés plusieurs mois sédentaires au même endroit.
Aurais-tu un dernier conseil à partager aux familles voyageuses ?
Je dirais qu’il faut se faire confiance et faire confiance aux enfants. Ils apprennent facilement et n’ont pas toujours besoin de notre intervention.
Et ne rien s’imposer, j’ai arrêté les activités qui ne me ressemblaient pas, et mes enfants apprennent aussi bien !
Merci à Sophie et Alex d’avoir partagé leur mode de vie et leurs anecdotes avec nous. N’hésitez pas à partager vos questions, réflexions et astuces en commentaires.
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